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Le pastoralisme transhumant : une réalité dans les systèmes de production animale au Sahel et en Afrique de l’Ouest est un commentaire du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO) -analyse L. Jallot


Olivier Ducourtieu : agricultures d’abattis-brulis et élimination de la pauvreté : un problème complexe est plus complet et classique (bibliographie jointe).  -analyse de F. Couderc




ART.1 : Le pastoralisme transhumant : une réalité dans les systèmes de production animale au Sahel et en Afrique de l’Ouest
est un commentaire du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)[1] sur la pratique de la transhumance entre Sahel et Soudan. Une carte très illustrative est proposée (ci-dessous). Ce court article  soulève un commentaire qui touche non pas au MDP, mais aux autres modes de production générées par le nomadisme à longue distance (étendu) et au passage de l’élevage à l’agriculture, du nomade au sédentaire.


Analyse : Face aux problèmes éco-climatiques que connaissent les pays sahéliens, le pastoralisme transhumant, phénomène d’amplitude variable, est mis en rapport avec la recherche de territoires favorables à l’alimentation des bétails. En zones arides, cette pratique concerne surtout les bovins et contribue pour une part importante à l’offre en produits animaux, surtout pour la viande bovine et le lait. Si la transhumance peut être envisagée comme un moyen d’affirmer son identité (peul, touareg ou maure notamment), et d’assurer à travers les liens d’échange et de mariage la paix sociale, elle constitue aussi une pratique de déstockage saisonnier des pâturages sahéliens surchargés vers les régions méridionales à dotations pastorales nettement plus élevées. A ceci s’ajoutent, la forte productivité des troupeaux qui affichent un taux de natalité du double de celui des élevages sédentaires (Niger), et des coûts de production sont également moins importants.

Ce système de production est cependant menacé par les déséquilibres sectoriels qui marquent ces régions (conflits armés, instabilité politique, barrages sur les fleuves Sénégal et Niger,..) réduisant la mobilité des troupeaux et l’accès aux zones de pâtures dont la surface diminue sous l’effet de la sécheresse. Face à ces difficultés et surtout face à la crise climatique, et dans un soucis de conserver une partie des avantages procurés par ce mode d’élevage, les pasteurs changent leur habitudes en s’adonnant à l’agriculture tout en pratiquant un semi-nomadisme en association avec les cultures (céréales d’autoconsommation et, parfois, culture cotonnière). C’est le cas par exemple en Côte d’Ivoire où se sédentarisent des pasteurs maliens et burkinabés. Ce nouveau mode de production créé « un transfert de fertilité des parcours vers les terres agricoles ainsi qu’une utilisation pastorale des résidus culturaux »



Cependant, le non respect des réglementations internationales encadrant ces mouvements de troupeaux et l’hostilité croissante des sédentaires compliquent encore la situation, notamment au Bénin. Le transfert de compétence de gestion des ressources aux communautés locales est peut-être un début de solution, en assurant aux pasteurs l’accès aux ressources. La mise en place de taxe et la marginalisation des pasteurs dans les conseils locaux limites pourtant l’efficacité de ce transfert. Les solutions préconisées passent par la création d’organisation professionnelle d’éleveurs et de code pastorau, avec accès aux conseils d’experts et de services sociaux.


Commentaire : On voit donc, que la déstabilisation du mode de vie des nomades n’est pas uniquement à mettre sur le compte d’une « grande crise éco-climatique » qui expliquerait tout mais que les effets des modifications des dotations pastorales sous l’effet de la sécheresse sont  amplifiés par les politiques d’aménagement et de sédentarisation censées les limiter. Les effets, qui touchent essentiellement les zones localisées au sud du Sahel, freinent les transferts de troupeaux permettant les destockages saisonniers dont la reproduction ou plutôt le rééquilibrage n’est plus possible. En contre-coup, ces difficultés pour l’accès aux ressources (eau, herbages, fourrages) entraînent des modifications profondes des modes de vie (passage d’une culture de nomade à une culture de  sédentaire) qui nécessitent la mise en place des enseignements spécialisés et financés accompagnant des assistances sur le terrain (ONG, expertises) et une réglementation gérée par les édiles. A un savoir faire ancestral, ayant fait ses preuves et permettant une gestion « raisonnable » des inévitables conflits, se substitue un système technoéconomique qui semble –mais c’est peut-être caricatural de ma part- imité du mode opératoire des anciens colonisateurs. Il crée de nouveaux besoins, générant de nouveaux emplois spécialisés, de nouvelles pratiques d’encadrement de la production et donc une offre de formation et d’expertise. Mais c’est sans tenir compte des effets de ces déséquilibres structurels sur les populations et du rôle de « calfeutrage » des aides mises en place ; aides qui cachent une crise plus profonde que la crise climatique. Il en résulte une forme de nécessité, celle de »l’apprivoisement » des éleveurs et de la disparition du nomadisme traditionnel qui n’est plus adapté aux nouvelles exigences de production et aux nouvelles règles régentant les parcours et l’accès aux ressources. Il n’est pas exclu cependant que cette disparition forcée puisse à moyen ou long terme déboucher sur une autre forme d’équilibre entre des communautés qui seront uniquement constituées d’agriculteurs pratiquant un élevage plus localisé. A l’heure actuelle, l’instabilité politique de la région qui se manifeste notamment par les revendications autonomistes peuls et touaregs (apparemment forts éloignées de ces questions[2]) ne peut qu’amplifier les tensions et retarder l’aboutissement du processus.











ART.2 :
agricultures d’abattis-brulis et élimination de la pauvreté : un problème complexe est plus complet et classique (bibliographie jointe). Il est rédigé par Par Olivier Ducourtieux[3] , Doctorant de l'Institut National Agronomique de Paris-Grignon (INAP-G), olivier.ducourtieux@laposte.net.
 

Résumé publié de l’article : L'agriculture d'abattis-brûlis est généralement qualifiée de "traditionnelle", figée et archaïque par  opposition à une agriculture mécanisée et chimisée, "moderne". Ce présupposé pousse à négliger l'importance du savoir-faire paysan, historiquement constitué pour valoriser les ressources naturelles  tout en s'adaptant aux changements de l'environnement physique, social et économique.  Les recherches menées à Phongsaly montrent la complexité et la cohérence d'un système de production d'abattis-brûlis, où les paysans optimisent l'emploi de la main-d'œuvre familiale et limitent  leurs risques. Les interventions extérieures — programmes, projets, etc. —, visent à améliorer le niveau de vie des paysans par une conversion de leur pratiques. En ne tenant pas compte de la diversité des agricultures d'abattis-brûlis, elles conduisent souvent à simplifier le système de production paysan, appauvrissant ainsi les familles et les surexposant aux risques naturels et économiques ; elles s'avèrent contre- productives. Pour corriger ce défaut, le rôle des services locaux pourrait être repensé, non plus comme exécutants d'une politique ou d'un projet, mais comme interface adaptant l'intervention aux conditions locales et aux rationalités paysannes.

L’analyse de ce sujet d'étude qui traite du système de culture traditionnel sur "abattis-brûlis" au Laos. est en cours par F. Couderc









[1] Groupe d’organisations régionales d’Afrique de l’Ouest, de pays et d’organisations internationales travaillant ensemble au développement et à l’intégration de la région ouest-africaine créé en 1976 à l’initiative de quelques pays membres de l’OCDE (Membre du pôle de développement de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE)). Sa mission est de mutualiser la réflexion et les expériences au service de l’efficacité des politiques régionales et d’un soutien accru et durable aux pays de la région, victimes de la sécheresse. Il produit des analyses des orientations stratégiques et des outils de gestion de politiques qui sont mis à la disposition des Membres et autres parties prenantes. INFORMATION TIRÉE DE:
http://www.oecd.org/document/39/0,3746,fr_38233741_38242551_38498535_1_1_1_1,00.html
[3] Il a passé plus d’une dizaine d’années au Laos comme ingénieur agronome dans des projets de développement pour une ONG locale. Dans un ouvrage issu de sa thèse universitaire et paru en 2009, il défend l’idée selon laquelle l’interdiction de l’agriculture d’abattis-brûlis par le gouvernement laotien menace pas l’équilibre de la forêt et risque d’accroître la déforestation, ou tout au moins de ne pas l’arrêter. On peut voir un film de présentation sur http://www.dailymotion.com/video/xf39z7_du-riz-et-des-arbres-l-abattis-brul_travel

Ducourtieux 2009 : DUCOURTIEUX (O.). — Du riz et des arbres. L'interdiction de l'agriculture d'abattis-brûlis, une constante politique au Laos, Paris : Karthala –IRD, 2009 372 p. (28,00 € TTC)

ouvrage sur google :
http://books.google.fr/books?id=tB1erhkqJGsC&pg=PP1&lpg=PP1&dq=olivier+ducourtieux+du+riz+et+des+arbres&source=bl&ots=aZRXx6Ffuv&sig=kvJBInmTamRhYNCH4VIH_8_YxHk&hl=fr&sa=X&ei=r718T6D0F4qY1AWmmZ2lDQ&ved=0CDkQ6AEwAQ#v=onepage&q=olivier%20ducourtieux%20du%20riz%20et%20des%20arbres&f=false